François PAGE

Curé de Miserieux

(1851 – 1927)

Voici une nouvelle chronique citoyenne de notre ami Michel MINCK

François PAGE est né à Meximieux, dans le quartier de La Côte, le 15 janvier 1851 à sept heures du matin, dans la maison de ses parents, Alexis PAGE, propriétaire agriculteur à Meximieux et Catherine DERRIAS[1]. Il est présenté le soir-même à seize heures à la Mairie de Meximieux pour l’enregistrement à l’État-Civil[2].

L’enfant est inscrit à l’école des frères de Meximieux, puis au petit séminaire de Meximieux où il apprend tout avec aisance et occupe souvent la place de premier de la classe. Ses études secondaires terminées, il entre au grand séminaire de BROU où il est tonsuré le 18 décembre 1875[3] en présence de Monseigneur MARCHAL (1822 – 1892), évêque de Belley. La suite de sa formation se déroule normalement et toujours en présence de Monseigneur MARCHAL :

  • Sous-diacre le 26 mai 1877 à Brou,[4]
  • Diacre le 22 décembre 1877 à Brou[5], et enfin,

Prêtre, ordonné le 15 juin 1878 à Brou.[6]

L'AUTEUR : MICHEL MINCK

Ingénieur ESIEE Paris et IAE Lyon et citoyen de Meximieux. Engagé dans notre association, Michel est un grand passionné de photo, d’histoire, d’archéologie et de généalogie. Il est aussi académicien de la Dombes, membre associé de l’Académie Florimontane (Annecy) et membre de la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Plaine de l’Ain (SHAPA).

Acte de naissance de François Page – 15 janvier 1851

François PAGE : prêtre, enseignant, membre éminent de la Société Gorini, historien et auteur

Il intègre aussitôt le corps professoral du petit séminaire de Meximieux et il fait sa rentrée d’octobre 1878 comme professeur de français[7]. Son domaine d’excellence concerne les mathématiques et les sciences : il obtient le poste de professeur dans ces deux matières en 1880[8]. A la rentrée 1882[9], il ajoute enfin l’anglais qu’il parle couramment et qu’il perfectionne au cours de ses voyages réguliers en Angleterre. Les élèves le craignent et le respectent : il est dur mais très juste et sa pédagogie est de grande qualité[10].

Entre 1885 et 1888, il est aumônier des sœurs maristes[11] qui avaient établi un petit pensionnat à Meximieux en 1882. Cela le rapproche définitivement du ministère pastoral dans lequel il cherche désormais à entrer. L’occasion lui en est donnée en 1888 quand le supérieur du petit séminaire de Meximieux – Mr MOREL – part pour devenir Curé de Trévoux. Plusieurs professeurs suivent le même chemin et quittent le petit séminaire cette année-là[12]. François PAGE est de ce nombre et il est nommé curé de Leyment, le 23 septembre 1888[13].

A Leyment, il a la réputation d’être bourru, voire « un peu ours », mais les paroissiens ne retiennent que son bon cœur, un humour très particulier et l’immensité de sa culture. C’est là qu’il s’initie à l’histoire grâce aux propriétaires du Château de la Servette qui lui ouvrent leurs archives familiales. Il devient un véritable expert du déchiffrement des vieux parchemins et cela va beaucoup lui servir par la suite[14].

François PAGE est nommé curé de Misérieux (01600), le 6 février 1895 et il y reste jusqu’à son décès, le 16 mars 1927[15].

Membre éminent de la société Gorini, il y collabore activement et prépare la publication de quelques travaux dont une étude sur le passage d’Annibal en Gaule, qui ne dépasse pas le stade du manuscrit. Il rencontre alors un autre abbé nommé Claude-Frédéric MARCHAND (1847 – 1907), lui aussi membre de la société Gorini, qui est très occupé par ses recherches archéologiques dans la vallée du Suran. Ce dernier a rédigé un manuscrit sur le Prieuré de St-Jean-Baptiste et le Chapitre de St-Apollinaire de Meximieux, et les deux hommes correspondent à ce sujet. En 1901 Claude-Frédéric MARCHAND demande même des remarques écrites à François PAGE et il les intègre à son manuscrit. Il n’a malheureusement pas le temps d’achever ce travail avant de mourir et c’est François PAGE qui s’en charge.[16]

François PAGE rédige coup sur coup deux volumes sur Meximieux, le premier s’intitule « Meximieux – Une Commune sous la Révolution (1903)» et le second « Le Prieuré de St-Jean-Baptiste et le chapitre de St-Apollinaire de Meximieux »; entre temps, il publie une brochure sur l’histoire de la paroisse d’Ars-en-Dombes écrite à l’occasion de la béatification de son Saint Curé en 1905. Les deux livres sont encore aujourd’hui la pierre angulaire de tous les exposés sur l’histoire de Meximieux, même si l’évolution des technologies donne accès à des sources moins bien connues ou conservées dans d’autres départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il publiera encore deux brochures, l’une sur Pérouges et l’autre sur la fondation du Carmel de Trévoux (voir la bibliographie en fin d’article).

Entre sa charge de curé et l’énorme labeur historique, les années s’écoulent très vite, et à l’âge de 76 ans, François PAGE, perclus de rhumatismes depuis des années, sent ses forces le trahir en diminuant brutalement. Le samedi 12 mars 1927[17], il doit faire un enterrement sous une pluie battante et glaciale : cela lui sera fatal.

Le dimanche 13 mars, impossible de dire la messe jusqu’au bout et il s’écroule. C’est Mgr Convert, curé d’Ars, qui est appelé en renfort et l’état du patient le motive à lui administrer les derniers sacrements. Fidèle à sa réputation d’homme assez bourru, François PAGE fait venir quelques paroissiens et s’adresse à eux en ces termes :

« Je suis très heureux que vous soyez ici ; j’y ai tenu ; vous êtes témoins que votre curé reçoit les derniers sacrements ; soyez toujours de bons chrétiens et faites comme moi : recevez les sacrements avant de mourir ; oui, je suis content que vous soyez là ; et maintenant allez-vous-en ! »[18]

François PAGE décède dans sa paroisse le 16 mars 1927, et ses obsèques se déroulent le vendredi 18 mars 1927 à Misérieux[19].

Il est à noter que malgré un quadrillage systématique du cimetière de Misérieux, il n’a pas été possible de retrouver sa tombe.

Les sources :

[1]Mariés à Meximieux le 16 avril 1839 (AD 01 – tables décennales 1833-1842)

[2]AD 01 Registre NMD 1851, vue 2 / 74, FRAD001_EC LOT59134 – Meximieux 1851

[3] à [9] Archives diocésaines de Belley-Ars, fiche personnelle de François PAGE

[10]Nécrologie parue le 14 avril 1927 dans le N°15 de la Semaine religieuse du diocèse de Belley, pages 174 à 177

[11]Archives diocésaines de Belley-Ars, fiche personnelle de François PAGE

[12]Nécrologie parue le 14 avril 1927 dans le N°15 de la Semaine religieuse du diocèse de Belley, pages 174 à 177 – Archives diocésaines de Belley-Ars, fiche personnelle de François PAGE

[13]Archives diocésaines de Belley-Ars, fiche personnelle de François PAGE

[14]Nécrologie parue le 14 avril 1927 dans le N°15 de la Semaine religieuse du diocèse de Belley, pages 174 à 177

[15]Archives diocésaines de Belley-Ars, fiche personnelle de François PAGE

  

[16]Archives diocésaines de Belley-Ars, fiche personnelle de Claude-Frédéric MARCHAND et page de garde du livre de François PAGE sur Saint-Apollinaire paru en 1909

[17] à [19]Nécrologie parue le 14 avril 1927 dans le N°15 de la Semaine religieuse du diocèse de Belley, pages 174 à 177

Remarque: Les numéros de la semaine religieuse du diocèse de Belley sont conservés aux archives diocésaines de Belley-Ars.

Ouvrage écrit par l’Abbé François Page – Edition originale de 1903
Panneau d’entrée d’agglomération contemporain à l’abbé F. Page, orthographié alors « Mizerieux »
Le prieuré de Saint Jean Baptiste et le chapitre de Saint Apollinaire de Meximieux par l’Abbé François Page
.
Meximieux, une commune pendant la révolution par l’Abbé François Page
.